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Teaching As It Is

Teaching As It Is
  • L'enseignement, cette vaste question, vu par le prisme microscopique de ma modeste expérience en tant que professeur stagiaire dans un petit collège breton. En bref, mon quotidien, ses hauts, ses bas, mes tirages de cheveux et mes petites victoires.
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23 avril 2013

Egalité et collège unique

égalité

L'enseignement tel qu'on le dispense aujourd'hui ne semble adapté qu'à une minorité d'élèves. Or il est facile de savoir, dès la sortie du primaire, si un élève aura, ou non, les capacités de faire des études longues. Dans ce cas, pourquoi ne pas spécialiser les enfants dès la sixième ? Des passerelles pourraient permettre quelques changements de trajectoire. Certains enfants ou ados, après tout, peuvent très bien se révéler sur le tard.

Des élèves passent la totalité de leur collège à tenter de garder la tête hors de l'eau parce que les cours tels qu'ils sont prévus ne sont pas faits pour eux. Ils perdent alors confiance, se sentent incompris et sont parfois tentés, pour se faire entendre, d'adopter des comportements violents. L'égalitarisme jusque-boutiste préconisé par l'Education Nationale est en train de la détruire de l'intérieur. Les citoyens français naissent peut-être "libres et égaux en droit" mais cela ne signifie pas pour autant que chaque élève est capable d'accomplir les mêmes tâches avec la même efficacité dans un même intervalle de temps.

Ce à quoi l'on pourrait objecter que c'est justement le travail de l'enseignant que de rendre ses cours accessibles à l'ensemble des élèves. En pratique, les publics sont tellement variés que c'est tout bonnement impossible.

On demande aux professeurs de faire de la différenciation au sein de leurs classes. N'est-ce pas à dire que le collège unique ne suffit plus ? Le danger étant qu'à vouloir orienter les élèves dès la sortie du primaire, on se retrouve avec un collège pour les enfants d'ouvriers et un autre pour les classes supérieures... J'avoue ne plus savoir que penser...

Nous voilà mis face à la dure réalité: l'égalité est une belle idée mais sa mise en pratique est un sacré casse-tête! Pour respecter la sacro-sainte égalité, doit-on dispenser le même enseignement à tout le monde, ou bien faire en sorte que tout le monde puisse réussir ? Le collège unique est-il vraiment le système le mieux à même de faire respecter l'égalité ?

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22 avril 2013

Du mépris

C'était deux semaines avant les vacances, la période la plus critique. J'étais à bout de nerfs. Un de mes élèves m'énervait particulièrement, je ne savais plus que faire de lui. En vérité, j'avais abandonné l'idée d'en faire quoi que ce soit. J'avais tenté à maintes reprises de l'amadouer. Sans le moindre succès.  Toute tentative de communication polie avait échoué. Les heures de colle avaient succédé aux remarques écrites qui avaient succédé aux punitions qui avaient elles-mêmes succédé aux remarques orales. L'escalade habituelle. Je m'étais prise à détester cet élève. Vraiment.

Et puis un soir, je regardais cette émission, le Grand 8. Bruno Solo était invité et donnait son avis sur l'affaire Cahuzac. Pour illustrer son propos - que je trouvais par ailleurs d'une grande intelligence - il fit appel à une citation du philosophe Alain: "Méprisez le peuple et bientôt il sera méprisable, estimez-le et il s'élèvera." C'est alors que je réalisai une chose: je ne devais et ne pouvais pas me permettre de mépriser cet élève, ni aucun autre. Il s'agissait là d'une grave erreur, tant humaine que professionnelle. Mon travail était d'élever mes élèves. Je décidai donc de me débarasser de mon mépris. Cela ne signifiait pas tout passer à cet élève, mais cesser de nourrir des sentiments négatifs à son encontre. D'ailleurs, le mépris est, il me semble, incompatible avec le respect que le professeur doit à ses élèves et vice-versa.

Les élèves ne sont pas des anges, il faut leur fixer des limites. Mais jamais ô grand jamais ne faut-il les mépriser car il serait alors impossible de les élever, c'est-à-dire de les éduquer.

20 avril 2013

Portrait du professeur en Sisyphe

Deux jours avant les vacances, soirée discussion entre profs au collège. Comment aider les élèves à trouver un sens à ce qu'ils apprennent ?

Encore faudrait-il que les professeurs eux-mêmes trouvent un sens à ce qu'ils enseignent! Ca n'est pas mon cas et j'ai été étonnée d'apprendre que ça ne l'était pas non plus chez mes collègues.  En français, nous enseignons les mêmes règles grammaticales (parfois dénuées d'intérêt) à des élèves qui les auront oubliées l'année suivante. Ces mêmes élèves atteindront le lycée avec un niveau déplorable en orthographe malgré les quatre années de rabachage qu'ils auront traversées, ou plutôt subies. Notre tâche quotidienne n'est-elle pas d'une absurdité sans nom ?

Le professeur est un Sisyphe qui, inlassablement, pousse ses élèves en haut d'une colline, celle de la connaissance. En vain, puisque l'année suivante, tout le monde se retrouve de nouveau en bas. Comme si les dix longs mois d'ascension n'avaient jamais eu lieu. Comment le professeur peut-il même arriver en fin de carrière sans perdre la raison ?

Je voulais choisir un métier qui ait un sens et je me retrouve à exercer le plus absurde de tous.

20 avril 2013

Luxe, calme et volupté

Les vacances, enfin! Elles sont devenues mon horizon, mon préciiieux, ma lumière au bout du tunnel. Ces vacances, j'en ai besoin. Vraiment. Et c'est ma première année. Je n'ose imaginer ce que peuvent ressentir mes collègues plus expérimentés. Si vous voulez mon avis, les vacances scolaires sont un luxe dont les professeurs ne peuvent pas se passer. Après six semaines de cours ininterrompus, je suis une loque. Cela commence par la fatigue. En salle des profs, on est de plus en plus nombreux à traîner les pieds au moment de la sonnerie. Vient ensuite la crise de nerfs. En classe, les élèves s'en prennent plein la tronche. Et puis, à une semaine des vacances, c'est l'accalmie. Plus le courage de lutter, de hurler ou de coller.  On traverse les derniers jours qui nous séparent de la délivrance comme sur un nuage. Aucune provocation ne nous atteint, réagir nous demanderait une énergie que nous n'avons plus. La tendance s'inverse lorsque, une fois les deux semaines de vacances écoulées, nous revoilà frais comme des roses tout juste écloses. Le cynisme a disparu, les idéaux sont de retour, le self-contrôle aussi.

Autant vous dire que, pour l'instant, en ce premier jour de vacances, j'en suis au stade de la fleur fanée. Quant au luxe, au calme et à la volupté, j'aimerais les rencontrer ailleurs que dans les vers d'un poème. Mais ne perdons pas espoir, les vacances ne font que commencer!

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